Dans le Pas-de-Calais, les socialistes se dotent d’un argumentaire contre le FN

Publié le par ps outreau

Fédération du Pas-de-Calais

« La gauche et la droite, c'est pareil. Essayons le FN. » Combien de fois les militants socialistes du Pas-de-Calais se sont retrouvés démunis face aux discours d'électeurs dépités ? C'est pour les aider à trouver des arguments que la fédération socialiste du Pas-de-Calais a lancé l'idée, il y a quelques mois, d'éditer un guide à près de 5 000 exemplaires intitulé Pour en finir avec les manipulations du Front National. Presque un guide de survie qui sera suivi du lancement du collectif Riposte en janvier 2014.

« Le Front national nous attire dans la boue mais on ne peut pas se laisser manipuler, explique Vincent Léna, l'un des quatre membres de la direction collégiale de la fédération socialiste du Pas-de-Calais. Nos militants sont paumés. La force du FN, c'est de mettre quelque chose dans la tête des gens en une phrase. Par exemple, ils disent qu'il n'y a “que du logement pour les Arabes”. Nous, on a besoin de développer, d'expliquer, c'est pas facile. »

Pour être davantage « percutants » pendant les municipales, les socialistes comptent fournir des réponses en une phrase, en s'appuyant sur les 26 fiches thématiques. Quitte à avancer des thèses simplistes. « Simplistes oui, mais pas fausses », précise Vincent Léna.

Samedi après-midi, dans une salle de boxe de Cauchy-à-la-Tour, ville natale de Philippe Pétain, le document en cours de finalisation a été présenté à une trentaine de militants et d'élus. Le thème de la réunion était clair : « Comment faisons-nous riposte face aux messages promulgués par les extrêmes, particulièrement par le Front National ? », lance la vice-présidente du conseil régional Cécile Bourdon, porte-parole du PS du Pas-de-Calais, inquiète à l'idée de voir les villes d'Hénin-Beaumont, Liévin ou Harnes basculer dans les mains du FN. Pas question de faire« la politique de l'autruche », gronde Mme Bourdon, qui rappelle aux militants que« la fédération a été entachée par des affaires judiciaires qui ont porté l'affront au PS ».

« ÇA VA ÊTRE DUR »

A ses côtés, la conseillère régionale Christelle Fauchet, tête de liste à Auchel, prédit « une forte montée des extrêmes dans notre territoire ». Dans sa commune paisible de 11 300 habitants, l'ouverture d'un local par l'extrême droite radicale – identitaires de l'Artois alliés à des membres de Troisième Voie (groupe dissous cet été après la mort du jeune Clément Méric) – a alimenté la chronique au printemps et à l'été 2011. Des heurts ont eu lieu en plein marché de centre-ville avec des anarcho-syndicalistes de la CNT. Et « un autre jour, on a vu débarquer des néo-nazis avec des croix gammées. » Le local a été mis en sommeil depuis.

Les extrêmes ont trouvé un nouveau terrain de jeu dans ces communes ouvrières touchées de plein fouet par la crise. Auchel a perdu plus de 800 emplois en dix ans. Dans cette ville où « il n'y a que trois immigrés dont l'épicier et mon fils d'origine antillaise », comme le souligne ironiquement Christelle Fauchet, « on n'est pas plus facho qu'ailleurs ». Mais la misère sociale est bien là, et les militants venus du Bruaysis ou de l'Auchelois pour découvrir les fiches de la riposte en sont les porte-parole.

Gérard, militant à Bruay, se lève : « Parlons de la fiscalité. En recevant ma feuille d'impôt, j'avais la rage. Il y a un problème de lisibilité, de cacophonie. Les gens votent FN car ils sont anti-système. » Sa voisine enchaîne : « Le pouvoir d'achat, c'est ce qui reste en travers de la gorge des ouvriers. Les arguments sur vos fiches sont bons mais les gens ne nous croiront pas. »

Saluant le courage des 10 000 militants socialistes du Pas-de-Calais, Cécile Bourdon reconnaît que « ce nouvel outil n'est pas parfait, il reste à affiner. Les militants savent que ça va être dur, mais on sera là. » Le FN aussi.

Le Monde.fr / Paru le 02.12.2013

 

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